Dans le cercle des poètes disparus, M. Keating (interprété par R. Williams), après avoir cité une perle d'une copie d'un élève, dit "on ne rit pas de vous, mais avec vous". C'est l'esprit de ce blog. Professeur depuis 2005, j'ai pu collecter, au gré de mes différents établissements et rencontres, des perles d'élèves. Cela va du petit grain de quartz à la pépite la plus pure. Mises en image brutes, décontextualisées, mais conservées en l'état, elles sont telles la vérité vraies d'une réalité bien réelle.
On n'est pas là pour se moquer des élèves, mais pour qu'ils rient avec nous de leurs "bêtises" involontaires.
Si le métier de prof n'est plus ce qu'il était, les cours gardent encore leurs instants qui en font de drôles de cours...

lundi 25 juin 2018

Pourquoi apprendre quand on peut demander à Siri ?

" Bonjour !
- Bonjour Monsieur."



D'un côté, je constate que la génération actuelle n'a jamais eu accès aussi facilement à l'information...
(1990 : "Maman, tu peux m’attraper le Quid de 5 kg qui est en haut de l'étagère ? Ah, y'a pas ce que je cherche. Bon, je vais attendre samedi et aller à la bibliothèque.")
(2020 : "Siri, quelle est la définition de petrichor ? - c'est, l'odeur, de, la, terre, après, la, pluie.")
... D'un autre, je constate que la génération actuelle n'a jamais été aussi mauvaise pour trier l'information.



Ceci est un bel exemple du "paradoxe de l'âme sœur".
- Dans un village de 50 habitants, si votre âme sœur y vit et que vous la cherchez, vous allez à coup sûr la rencontrer. Malheureusement, il est très peu probable qu'elle y habite.
- Dans une grande ville de dix millions d'habitants, comme Paris, vous avez beaucoup plus de chances que votre âme sœur s'y trouve. Malheureusement, il est très peu probable que vous la rencontriez si vous n'avez pas une méthode de recherche efficace.


Quand j'étais adolescent, on avait peu de sources d'information (le Quid et ses 3000 pages est un petit village), et donc il nous fallait parfois aller chercher ailleurs (dans un autre village, comme la bibliothèque municipale) la réponse à nos questions.


J'ai l'impression qu'à mon époque (ce début de phrase pourrait faire croire que je suis un jeune retraité vieux réac', mais non. Ça date d'il y a moins de trente ans), on avait que des petits villages à disposition, mais on savait à peu près dans lequel se rendre pour trouver notre âme sœur, notre information.

Et j'ai aussi l'impression qu'aujourd'hui, les élèves parcourent juste une p******* de grosse ville, sans plan, sans carte, sans GPS et avec un bandeau sur les yeux.
Les moteurs de recherche leur servent vaguement de Tour Operators (c'est-à-dire, pour aller directement visiter les grands sites sponsorisés).
Et comment leur en vouloir ?

* L'enseignement de l'informatique (comme outil d'accès au savoir) est distillé de-ci de-là dans les disciplines ; l'éducation à l'informatique est très faible, voire quasi-nulle (et encore, je ne parle pas des hoax, des fake-news et autres fausses vidéo que les IA créent à merveille).
 * Mais surtout, la ville qui héberge l'information (Internet) grossit à une vitesse inconcevable pour beaucoup !
A titre d'exemple, en 2017, chaque minute, 600 pages étaient éditées sur wikipédia ! Ca fait 315 millions de pages nouvelles par an !! Histoire que vous comprenez bien, ça représente une bonne centaine de semi-remorques bourrés de volumes de Larousses, environ 150 000 volumes à éplucher... En nombre de pages, c'est l'équivalent de la bibliothèque de l'Assemblée Nationale qui serait créée chaque année sur cette encyclopédie en ligne.


Finalement, merci les moteurs de recherche !


Avec ce genre de question, faut-il se demander quel site consulter,
ou s'il n'a pas raté quelque chose dans l'apprentissage de la géographie américaine ?




Mais le revers, c'est que le moteur de recherche est assimilé à l'hébergeur !

Par exemple, il n'est pas rare de voir dans les TPE (travaux personnels encadrés, qui compte comme bonus pour le bac) des citations de sources : "google images".
C'est un peu comme si on disait :
"ton artisan, son atelier est situé où ?
- dans les pages jaunes".
Au lieu de citer la source, on cite le référencement de la source.

Les élèves font aussi tellement confiance aux moteurs de recherche, qu'il n'y a quasiment jamais recoupement des informations, seuls les deux ou trois premiers liens sont testés (sinon, on change la requête).
Mais ce comportement des élèves est le comportement de tout le monde. Du coup, les sites s'adaptent vite pour attirer des clics, et les moteurs s'adaptent très vite, et l'homme s'adapte... à son rythme.
La nouveauté, c'est que les moteurs de recherche commence à comprendre la sémantique des requêtes. Ils donnent du sens à ce que vous demandez !


Cela va encore davantage modifier notre rapport au savoir.
Et par voie de conséquence, notre manière d'enseigner...

A quoi bon apprendre les capitales ? Pourquoi retenir les dates de naissance et de mort d'un auteur ? Toutes ces questions qui relèvent du savoir, et non du savoir-faire (ou du savoir-être) trouvent une réponse assez rapidement dès qu'on a accès à la grande bibliothèque qu'est le web.


Pour les maths, avant, il fallait apprendre pas mal de formules au lycée. Je me souviens que le formulaire du bac faisait quatre pages. Aujourd'hui, il n'y a plus de formulaire. Non pas qu'on leur demande plus un effort de mémoire, non pas qu'il n'y a plus de formules à apprendre. Il y en a juste moins, et le rédacteur du sujet de bac a le droit de rappeler les formules à utiliser.

Personnellement, la formule étant un outil, ce qui est important, c'est de l'avoir "sous la main". Pour cela, qu'il soit dans la tête ou écrit quelque par, tant qu'on la retrouve facilement...

Que nous reste-il à enseigner quand l'accès au savoir est si facile ?
Juste leur apprendre à...                      ... réfléchir !

 Pour les États-Unis, l'Asie est l'occident. C'est juste une histoire de référentiel.





 Au début, je n'ai pas tout compris. Mais il se trouve que Darwin, outre le nom du célèbre scientifique à qui l'on doit la 3ème révolution de la biologie (la théorie de l'évolution par la sélection naturelle, co-découverte avec A. Wallace), est le nom du chimpanzé de la famille Delajungle (The Wild Thornberrys en V.O.).
Bon, par contre, je ne connais aucun homme politique qui s'appelle Darwin. Néanmoins, je connais des politiques qui ont des comportements de singes.




 Il s'agissait bien évidement de Jean Moulin, rejoint depuis 2015 par Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Pierre Brossolette, Germaine Tillion et Jean Zay.



 Voilà de quoi alimenter le débat de la non linéarité du temps,
ou le débat sur l'apprentissage de l'histoire de France.



 L'année de la mort de Shakespeare est très facile à retenir : 1616.
Pour ceux qui aiment les stat' et l'écrivain, voilà un article du Guardian qui saura les sustenter.




Demande à Siri...



 Tout est dit !


Je vous retrouve en septembre, pour vous parler des deux mois de congés sans solde qui m'attendent. Oui, les vacances, appelle ça comme tu veux.

P.B.